Quand est née votre vocation d’artiste et qu’est ce qui l’a déclenchée ?
Je ne sais pas exactement à quand remonte ma vocation d’artiste : il n’y a ni musicien ni peintre dans ma famille. Avant de choisir de m’engager dans cette voie, j’ai été attirée par le piano que j’ai commencé très tôt. Fille unique, je passais beaucoup de temps chez mes grands-parents paternels, je pense que c’est à leur côté que j’ai développé un sens artistique. Très tôt, j’ai partagé les intérêts de ma grand-mère pour la pâtisserie et la photographie : elle collectionnait les insectes, les oeufs dans de magnifiques boîtes en bois, les minéraux et les oiseaux empaillés trouvés morts, ici et là, dans la campagne alentour. Elle avait une pièce qui ressemblait à un cabinet de curiosité à la Mark Dion, quand on est petit tout semble plus grand, ça m’a beaucoup marqué.

Une époque, un artiste ou un courant qui vous a particulièrement marqué.
Je suis assez hétéroclite dans mes goûts artistiques, si j’ai une attirance pour l’expressionnisme abstrait, plutôt les artistes du «Color field » Rothko, Ellsworth Kelly, De Kooning, Joan Mitchell, j’ai moins de connivence avec Pollock. Chez eux j’aime les grands formats, l’implication du corps, le lâché prise qui est cependant toujours lié avec la maitrise du geste et leur expérience. Ça peut paraitre paradoxal mais j’ai aussi beaucoup d’affinités pour les peintres figuratifs allemands de la nouvelle école de Leipzig : Matthias Weischer, Christoph Ruckhäberle.
Les rencontres qui ont compté dans votre parcours ?
Changer d’école et partir finir mon cursus universitaire à l’étranger a été très enrichissant dans ma pratique, cela m’a permis de me confronter à d’autres points de vues, d’autres manières d’enseigner l’art, de m’ouvrir à d’autres pratiques telles que les installations par exemple, de me nourrir d’autres références. L’Ecosse étant un pays anglo-saxon les références artistiques américaines y sont aussi plus prégnantes.
Pouvoir discuter et échanger avec d’autres artistes est important, leur énergie créatrice est très dynamisante et me régénère, j’ai fait la connaissance de Tarek il y a près de 7 ans et il a un rôle de « tuteur », c’est quelqu’un de moteur qui est souvent à l’origine de projets auxquels il m’associe et même si notre pratique diffère, je ne suis pas issue de la culture urbaine, du street-art, nous partageons les mêmes interrogations, les mêmes problématiques picturales, au delà d’une quelconque appartenance à un mouvement.
Qu’est-ce qui vous ressource ou vous inspire…
Un peu toutes les disciplines artistiques, j’aime profondément la nature, observer le rythme des saisons, me balader dans la campagne bourbonnaise, l’été c’est l’océan qui prend le relais, passer d’un milieu à un autre m’inspire… J’ai vécu deux ans à Paris, assez pour dire que je ne suis pas une vraie citadine mais l’énergie des capitales, la foule, sont des catalyseurs qui pourront ensuite se transformer en énergie créatrice, la peinture de Basquiat est très New-yorkaise. J’apprécie d’autant plus la quiétude à mon retour.

Une couleur fétiche ?
Le VERT s’il porte malheur au théâtre, il est pour moi très lié à la nature, à l’environnement : cette couleur symbolise aussi l’espérance, en peinture le vert Véronèse est réputé, j’aime aussi beaucoup son utilisation faite par Nicolas De Staël qui l’utilise avec brio.